Ah, ils me font marrer tous ces articles sur "les sondages qui sont cassés", qui "n'arrivent plus à prédire le résultat"...
Et chacun y va de sa petite analyse sur "où se situe le problème". Il faut impérativement réparer les sondages et leur redonner très très vite une peinture "scientifique" ou voulue comme telle. Parce que c'est un outil politique vital, bien évidemment.
Alors on va parler d'explications secondaires, d'une "dynamique de dernière minute" (Brexit, Fillon, ...), d'un "mutisme organisé" (Trump, ...), bref, donner des raisons concrètes à ces échecs si retentissants. Mais pourquoi ?
Parce que les sondages ne sont pas un "outil politique", comme on nous le vend, mais ils sont bien une arme politique. La puissance du sondage ne réside pas dans sa capacité de prédiction, mais dans sa force d'injonction : "la majorité va voter ça, si tu veux faire partie de la majorité, parce que c'est ce que tu veux au fond, il faut que tu votes donc ça".
Et cette arme est cassée, l'électeur commence à être hors de contrôle, la créature échappe à son créateur et l'avenir devient incertain, incontrôlable...
Alors je pourrai m'en réjouir, car tout peut arriver, et les sondages donnent une fasciste d'office au second tour des présidentielles, et je serai plus que ravi que ça n'arrive pas (puis si Fillon gagne, on aura le droit entre choisir entre une fasciste et une graine germée de fasciste dans ce cas, donc bon).
Malheureusement, nous ne sommes pas dans une période où on peut se dire que la majorité de la population va se tourner vers l'Autre, embrasser un élan progressiste et tourner le dos à des siècles de conservatisme pour enfin emprunter le chemin du progrès social, de la liberté et de l'égalité...
J'espère faire comme les sondages : me tromper lourdement.
Et pour ça, il faut continuer, entre autres, le travail d'éducation populaire.