C'est justement parce que le langage est un moyen de véhiculer une idée qu'il a une construction précise, qui lui donne un sens différent.
La forme passive "un cycliste tué par une voiture" impose que le cycliste soit donc décrit comme passif. Dans la phrase "une voiture tue un cycliste", il ne l'est plus. C'est là la première grande erreur dans ton propos.
La deuxième, c'est de considérer les mathématiques comme moyen de transmettre une information factuelle. Cette idée est directement issue de la pensée technocratique qui prétend que la science est indépendante de toute considération éthique, politique ou sociale, donc de tout contexte. Supposant donc qu'une information peut être sortie de son contexte tout en conservant l'intégralité de son pouvoir informatif, tout en conservant son essence. Or, le contexte EST une information (il est même primordial, voire même plus important que le contenu lui-même). Représenter sous forme de formule mathématique simple une situation complexe (ce n'est pas toi qui dira le contraire étant donné le développement de ton propos), c'est perdre de l'information. Et lorsqu'on cherche à représenter la complexité d'une information sous forme de formule la plus simple, on retombe sur.... le langage. Si c'est pas merveilleux ?
Donc le langage (écrit ou parlé) est le moyen le plus simple de véhiculer une idée qui ne peut être formalisée de manière satisfaisante sous forme mathématique, d'autant plus lorsque les personnes impliquées dans cette transmission ne sont pas à même de comprendre des équations complexes (et, même dans ce cas, il est plus simple d'utiliser le langage : ce n'est pas parce que vous saurez représenter l'accident sous forme d'une formule mathématique complexe que quelqu'un qui est capable de la comprendre la comprendra plus rapidement que sous une autre forme).
Et c'est là qu'intervient la linguistique, domaine passionnant s'il en est. Il est une règle simple et pourtant fondamentale : le verbe précède la pensée. Nous concevons une situation à partir des mots que nous connaissons et utilisons. Le cerveau humain fonctionne ainsi. S'il ne fonctionnait pas ainsi, nous n'aurions jamais de moment où nous n'aurions pas de mots pour décrire une situation. Car, confronté à une telle situation, nous créerions un mot ("shmlurtz" par exemple) et on continuerait d'avancer. La langue anglaise en est une parfaite illustration : pour une situation ou un élément nouveau, quelqu'un qui parle anglais aura tendance à partir d'un mot déjà existant et à lui accoler un préfixe, un suffixe, ou un autre mot afin d'en modifier le sens. En français aussi, nous utilisons le même procédé, mais il est moins évident à mettre en lumière.
Cette manipulation par les mots est la plus sournoise et la plus efficace qui soit. Car ôter un mot, c'est ôter une idée. Rajouter un mot, c'est rajouter sa conception. Ce n'est pas pour rien que tous les gouvernants et tous les manipulateurs calculent précisément leurs propos (les fameux "éléments de langage"). Les mots ont un sens, ils ont un poids, ils sont une arme, en bref, ils sont importants.
Allez, retourne manger mon enfant.