Oh putain c'est carrément ça !
Et je ne parlerais pas du "chantage" au nom d'auteur et de la pression que peuvent recevoir certaines équipes de recherche (toutes ?) pour ajouter un nom qui n'a rien fait dans le bousin.
Edit : un lecteur m'envoie ceci (merci BB) :
"Il faut considérer qu'il y a pas mal de différences :
Dans mon laboratoire, par exemple, les noms sont placés par ordre d'importance de la contribution ; le premier auteur est en général celui qui a écrit l'ensemble du papier, et le dernier est celui du chef de laboratoire. De nombreux laboratoires avec lesquels j'ai collaboré ont une approche similaire, mais d'autres préfèrent le classement alphabétique.
Globalement, il n'y a pas vraiment de règles et c'est généralement celui qui soumet le papier qui a le dernier mot.
Par ailleurs, il y a deux manière de citer une contribution dans un papier scientifique : les auteurs et les remerciements (acknowledgments). Les auteurs sont généralement ceux qui ont rédigé/relu/apporté des idées, tandis que ceux qui ont participé au travail "technique" (manips, implémentation, ingénierie, etc.) ou ont apporté le financement sont crédités dans les remerciements.
Tiens justement, tant qu'on est dans la science, à un moment tu parles des publications gratuites. Je ne sais pas si tu connais en détail le processus de publication, mais il s'agit d'une des plus grandes escroqueries de l'histoire de l'humanité
Globalement, les laboratoires de recherche sont publics (ce n'est pas vrai pour tous les pays, mais concrètement la recherche fondamentale n'est pas vraiment financée par les entreprises, ces dernières cherchant plutôt des profits à court ou moyen terme), donc financé par les Etats (salaires, matériels, expériences, etc.). Concrètement, ça coûte beaucoup d'argent, à cause du matériel (par exemple en physique-chimie) ou des déplacements (par exemple, en informatique, la plupart des grosses conférences sont américaines).
Les chercheurs produisent des résultats, et à cause du "publish or perish", doivent les faire connaître. Pour ce faire, ils publient gratuitement dans des conférences ou des journaux, qui sont gérées par des éditeurs. Les processus de publication sont généralement complexes et dépossèdent les auteurs originaux de tout droit commerciaux, ce qui signifie que quand l'éditeur vend une publication 30$ (version PDF), les chercheurs ou les laboratoires ne touchent pas un sou. Ainsi, les éditeurs font du profit sur de l'argent public, avec seulement au final un coût de stockage.
Histoire d'aller encore plus loin dans l'escroquerie, il y a un concept qui est en train de devenir à la mode aujourd'hui : l'Open Access. Concrètement, les éditeurs proposent aux auteurs de payer pour que leur papier soit diffusé en accès libre. Ca coûte entre 600$ et 1000$ par papier, et évidemment c'est le laboratoire qui paye, donc les gouvernements.
Si on résume, les états payent pour créer du contenu qui est ensuite vendu par un éditeur sans contrepartie, et payent encore une fois cet éditeur pour que le contenu soit en libre accès. De plus, comme les chercheurs doivent forcément lire ce qui est publié par les autres chercheurs, les laboratoires payent des abonnements (très chers) aux éditeurs pour pouvoir lire les publications qui ne sont pas en libre accès.
J'ai rarement vu un business model aussi entubatoire que celui là.
Pour parler de la recherche informatique, que je connais bien, le nombre d'éditeur est assez réduit : ACM et IEEE principalement (il y a aussi Elsevier, Springer et Wiley, mais ce sont des éditeurs plus généralistes). L'ACM et l'IEEE organisent la plupart des conférences et des journaux les plus prestigieux, où il est nécessaire d'être publié pour être reconnu. La situation est donc complètement bloquée."