Mais je me rends compte avec le recul que si j'avais dû maîtriser l'écrit juste en apprenant par cœur des règles que je ne comprenais pas, je me demande comment je m'en serais sorti...
Et bien... mal. Comme la majorité des gamins qui pensent que puisque l'école l'enseigne comme ça, c'est comme ça qu'on apprend et que donc la bonne manière de faire, c'est en effet d'apprendre et recracher ces règles qu'ils ne comprennent pas, et qui n'ont aucune logique.
Ça me rappelle une grande discussion avec un partisan de l'élitisme de la langue ("le français, ça se mérite", genre, tu vois) qui était vent debout contre la réforme de l'orthographe (qui était déjà en vigueur depuis 8 ans quand les médias se sont penchés sur la question, la rectification elle-même datant de 1990 hein, apparemment l'inquiétude, ça prend du temps, mais passons). Pour ce monsieur, donc, toucher à l'orthographe, c'est limite un crime. Et de prendre l'exemple de "nénuphar", qui perdrait ainsi ses origines grecques, et que c'était faire une offense à l'histoire et l'héritage de France et blablabla. Je crois que pour la réforme de la grammaire, il s'est mis en PLS et ne bouge plus depuis.
Bon, manque de bol, déjà j'étais latiniste, option grec ancien (en plus du latin hein, c'est pas le latin qui a une option "grec ancien" ^^), et j'aime bien l'étymologie (j'ai l'impression d'être Sherlock Holmes :p). Pas lui, non-latiniste et l'étymologie lui passe bien au dessus de la tête, sauf quand il s'improvise expert de la langue, fort d'un test passé sur une page web qui lui a dit qu'il connaissait plus de mots que 99% de la population. Enfin bref, piètre étymologiste donc, sinon il aurait su que "nénuphar" n'a AUCUNE racine grecque, donc rien qui ne justifie le "ph" en dehors de la lubie des vieux croulants de l'Âcâdémie, et un vague rapport avec le genre biologique Nymphaea qui regroupe les lotus, certains nénuphars, etc. Car nénuphar (enfin, nénufar) vient de l'arabe, qui vient lui même d'un mot sanskrit. Rien à voir avec la Grèce. Donc AUCUNE raison de l'écrire avec un "ph". L'Âcâdémie elle-même l'écrivait d'ailleurs "nénufar" jusqu'en 1935 (date de publication de la 7e édition du dictionnaire de l'Académie Française, où "nénuphar" remplace "nénufar") !
Enfin bref, je digresse encore... La morale de l'anecdote ayant été qu'il s'est retrouvé le bec dans l'eau et a déployé tous les sophismes imaginables par la suite.