Le cancre est là

Sarcasm is just one more service I offer.

# - @ - danirf - 17/11/2014 à 23:03:53

@le cancre

Tout d'abord, quand je prend pour référence les neurosciences, c'est pour aider à comprendre la façon de fonctionner du cerveau.

Sans vouloir troller, je citerais quand même l'IME et les travaux de mr Fradin, et l'ANC (Approche Neurocognitive et Comportementale) en général.

Un lien pour comprendre (un peu long): http://vimeo.com/6744209


Donc, les neurosciences n'ont jamais dit: "pousser le salarié à accepter le changement, l'éduquer" sous entendu "réfléchit pas et fais ce qu'on te dis". Dans ce contexte, passer en "mode mental adaptatif" pourrais vouloir dire "si c'est bon pour l'entreprise, cela peut être bon pour moi", mais aussi "cette décision est absurde, prise par des financiers loin de la réalité du terrain, prise à partir d'indicateur...". Dans ces deux exemples, on peut donc "accepter » d'accepter, ou "accepter" de refuser !

Mon utopie, c'est de vouloir que tout les acteurs d'une entreprise (et ailleurs aussi...) changent en même temps leur façon de réfléchir.

Vous parlez d'une relation dominant/dominé. Notre cerveau est programmé comme cela. Nous sommes par "défaut" programmé pour vivre dans une meute, c'est une partie de notre "mode mental automatique". La dominance donne un sentiment de confiance en soi. A un niveau "pathologique", décrit par l'ANC, cela donne par exemple un politique, un dictateur, un gourou... Au revers, un dominé a peu de confiance en lui, est très réceptif au dominants. Les pathologies des dominées sont entre autre la déprime voire en cas extrême le suicide.

Là encore, passer en « mode mental adaptatif », c'est utiliser une partie de notre cerveau qui n'est pas sensible au regard des autres, qui reste indépendante. C'est par exemple sortir de l'effet « suivre comme un mouton », assumer d'avoir une pensée différente de la majorité etc...

Les « grands » de ce monde on souvent un niveau de dominance élevé (pour ne pas dire pathologique), du moins il en ont les caractéristiques. Si ces derniers prennent conscience de cela, ils pourrons alors sortir du mode automatique grégaire . Il pourraient par exemple trouver idiot de chercher à avoir « la plus grosse », trouver idiot de penser qu'il existe des « sous-hommes » et trouver intelligent de partager le gâteau pour le bien de tous ! (on a le droit de rêver;).

Les pro du marketing, de la communication, les politiques…. savent très bien programmer notre « cerveau automatique ». Ils jouent avec des mythes voire les créent, le tout basé sur l'empirisme, la simplification, la généralisation et nous donnent alors un sentiment de réalité, des certitudes. C'est également l'effet « BFMTV » qui nous donne l'impression d'une grande insécurité etc...

Bref, connaître le fonctionnement du cerveau et donc les biais de manipulation ou de soumission sont la meilleure arme pour se défendre, comprendre. Il est dommage de tout rejeter en bloc.

Le mode mental adaptatif n'est pas un moyen d'être objectif. C'est une façon de penser indépendante, créative, souple, qui adore l'inconnu. Cela ne prétend pas détenir LA vérité absolue mais UNE vérité, un point de vue, qui prend en compte au mieux la complexité.

Vous parlez de « prisme », d'idéologie, je préfère parler de « culture ». Une culture est apprise dans un contexte (entreprise, région, religion, politique…) et comme tout apprentissage, elle peut évoluer. Pour évoluer, un bon outil est la pensée adaptative qui est capable de s'en affranchir.

Ne pas oublier que le mode mental automatique est notre conscience, on pense de cette manière par défaut. Par ailleurs, le cerveau « préfrontal », centre de la pensée adaptative, ne serais mature que vers 20-24 ans !

Je suis d'accord sur le fait qu'il faille supprimer la domination, mais la domination « animale », pathologique.

Les structures complexes n'ont pas besoin de dominants, elles ont besoin de personnes pour prendre des décisions. Ces personnes sont les décideurs et ne devrais rouler que pour le bien de l'entreprise et donc aussi de ses salariés. A condition bien sûr de partager équitablement.
Le monde de l'aviation à très bien compris cela (du moins dans les cockpits). Les deux pilotes d'un avion sont considérés comme ayant la même expertise. La différence entre le commandant de bord et le copilote est uniquement décisionnaire. C'est un pilier de la sécurité des vols.

Ma vision du « travailleur libre » est d'être heureux et épanoui dans son travail. C'est possible et la vidéo donne quelques pistes notamment en considérant nos tempéraments, nos personnalités. L'autre condition est également un management doté d'une intelligence « moderne ».
Le mode de pensée adaptatif à également cet immense avantage de réduire le stress, il en est la cause ! Le stress est la « douleur » du cerveau, il nous indique que quelques chose ne vas pas dans notre façon de faire, de penser. Le stress nous invite à nous adapter à la situation, puis, si on maîtrise la bascule des modes mentaux, nous fais tendre vers la sérénité.
On peut très bien vivre en restant en mode automatique, les heureux retraités en sont un bon exemple (ou les esclaves heureux). Mais un monde qui bouge nécessite parfois de l'adaptation (pas aveugle bien sûr).

Il peut paraître simpliste de remplacer : routine, refus,simplification, certitudes,empirisme, image sociale ; par : curiosité, acceptation, nuance, relativité, réflexion, opinion personnelle ; mais cela est très efficace (cf expérience dans l’école de pilotage de l'armée de l'air évoqué dans la vidéo).
Associé à une connaissance de notre positionnement grégaire (dominants/dominé) et de nos tempérament/personnalités, cela serais un grand pas pour l'humanité (oui, j'y vais un peu fort).
L'ANC obtient par ailleurs de très bon résultats sur les pathologies mentales, beaucoup plus rapidement que les thérapie médicamenteuse ou la psychanalyse. Y compris sur les grands dominants qui ne se considèrent pas malades, leur grande confiance en eux et notre culture les empêche de se voir comme tel.

Je persiste alors à penser que nous sommes d'accord sur le fond, le constat, mais pas sur le chemin pour arriver à un bien être commun.

Après je suis curieux de connaître votre point de vue sur la répartition structurelle de la vie politique et économique. Dans le prochain épisode j'imagine.

Cdlt.

# - @ - Le cancre - 14/11/2014 à 15:40:42

@danirf : Mais il existait des esclaves tout à fait heureux de leur condition. Je ne suis pas un fervent partisan de Rousseau, qui voulait libérer les esclaves contre leur propre volonté. Par contre, j'affirme que le travail subordonné est une aliénation (de fait) et qu'il est préjudiciable, globalement, à la société.

J'ai beaucoup de mal avec l'idée que "si on fait tous un peu d'effort et qu'on se tient la main, ça passe" : dans une relation STRUCTURELLEMENT de domination (ce qu'est le travail subordonné), la bonne volonté ne suffit pas. Loin s'en faut. Et globalement, cette idée qu'avec "un peu de bonne volonté, on y arrive", je n'adhère pas, principalement parce que ceux qui sont "en haut" de la pyramide peuvent s'asseoir sur la bonne volonté sans que personne ne leur dise rien. La bonne volonté n'est pas une structure, elle n'est pas un contre-pouvoir, c'est une parole donnée aussi vite oubliée. Et dans un monde où la concurrence est Loi, la parole donnée ne vaut rien, car en face celui qui gagne c'est celui qui écrase les autres.

De même, l'idée qu'il y aurait un moyen "objectif" d'analyser des éléments sociaux et politiques est une chimère. Toute analyse se fait au travers d'un prisme et, contrairement à ce que peut en penser Lenglet ("ce n'est pas de l'idéologie, juste de la pédagogie") tout est politique et tout naît d'une idéologie (consciemment ou non). L'analyse "objective" est impossible puisque l'économique, le politique et le social n'existent pas "objectivement".

Le capitalisme est bien le moteur de cette domination, car en concentrant, mécaniquement, les capitaux dans des mains de plus en plus réduites, il établit un rapport de domination du plus petit nombre sur le plus grand. Un système politique et économique basé sur l'égalité et la répartition STRUCTURELLE n'a pas ces travers. Il y a une différence fondamentale entre faire une structure qui concentre les richesses et une structure qui les répartie.

Quant aux neurosciences..... j'ai vu cet argumentaire du "pousser le salarié à accepter le changement, l'éduquer" à l'œuvre. Je n'ai pas pour ambition de broyer qui que ce soit ou de causer le suicide de quiconque, "désolé".

Pour que le travail soit libre, il faut supprimer la domination (c'est le principe de la liberté, en fait). Du coup, je ne suis pas sûr qu'on soit si d'accord sur la conclusion, mais on est en tout cas en désaccord sur le chemin, ça c'est sûr ^^

# - @ - danirf - 05/11/2014 à 13:04:01

Bonjour.

Je suis un "travailleur subordonné", en suivant votre définition, et pourtant heureux et épanoui! Je ne comprend pas pourquoi cela serais forcement préjudiciable à l’épanouissement personnel de travailler dans une "grande entreprise".

Le problème de l'entreprise "subordonnée" est avant tout un problème culturel de management au sens large. A petite échelle, les cadres pensent que le management "par le stress" ou en imposant son autorité est la norme efficace. En haut de l’échelle des grands groupes, il y a peu de "vrais" entrepreneurs qui sont dans un microcosme plus financier, ou il est de bon ton de favoriser ses "amis" qui injectent de l'argent. Ensuite, l'important est d'avoir "la plus grosse" (fortune bien sûr) et de se plaindre du "petit personnel".
Les chefs de petites entreprises sont souvent comme les cadres, persuadés que d’imposer leur vue est la meilleure façon de faire, souvent au détriment de tous les acteurs de l'entreprise.
De l'autre coté, les salariés, bercés par une culture de lutte des classes, pensent que tout les "patrons" les exploitent et donc tendent à refuser l'effort, les responsabilité pour ne pas se faire encore plus exploiter! Même si cela leur permettrais de s’épanouir personnellement.

Il n'y as donc à mon sens aucune frontière entre le travail libre et le travail subordonné. La seule différence est culturelle, les préjugés véhiculés dans chaque bords des acteurs de l'entreprise privent tout le monde d'un avenir prospère et serein sans mettre de coté l'efficacité.

La solution est alors aussi culturelle. Les grands patrons/grand actionnaires devrais accepter de ne plus s’asseoir sur des milliards, des millions suffisent à bien vivre... Les petits patrons/cadres doivent accepter de ne plus manager de manière grégaire (c'est moi le chef) mais plus en accord avec les particularité des salariés (aspiration personnelle, personnalités...) y compris pour les prises de décisions (au moins consultatif).
Les salariés doivent sortir de la "lutte des classes" et ne pas voir les "chefs" comme des dominants sadiques, accepter que leur travail est aussi bénéfique à l'entreprise et éviter ainsi de se saborder.

Ma vision est caricaturale pour bien me faire comprendre. La réalité est bien sûr plus complexe. Il est nécessaire de nuancer, de relativiser tout cela afin d'avoir une pensée la plus neutre et objective, mais surtout détachée des cultures qui nous font souvent réfléchir de manière empirique, basé sur des préjugés, des croyances populaires.

Bref chaque acteur devrais bouger les lignes, accepter, nuancer, relativiser sa position pour rééquilibrer l'entreprise sur ses trois piliers: les entrepreneurs/actionnaires, les salariés et bien sûr les clients.

La culture capitaliste actuelle est déséquilibré, ce qui vous fais écrire cet article, mais la solution est tout comme la cause avant tout humaine. Pour combattre cette culture, il me semble inefficace de jeter le bébé avec l'eau du bain. Le problème n'est pas le capitalisme mais ce que la nature humaine en fais.

Les recherches en neurosciences vont dans ce sens. Par défaut, le cerveau humain fonctionne de manière automatique (habitudes,refus, empirisme,certitudes) et via un positionnement grégaire (dominant/dominé). Il est très efficace pour des actions connues et répétitive car très rapide.
Le néo cortex, lui pense différemment: Curiosité, acceptation, nuance, relativité, opinion personnelle. Il est très efficace pour gérer des situations complexes et/ou nouvelles. On peut l’appeler le mode mental adaptatif. Son seul problème est qu'il n'est pas activé par défaut et nécessite d’être éduqué, entraîné. Il est également "lent" (quelques secondes a quelques années!).

La seule façon de communiquer du "cerveau adaptatif" pour changer de mode mental (de l'automatique vers l'adaptatif) est le stress !!! Il se présente sous différentes formes: stress de fuite (anxiété, peur, panique), de lutte (colère, agressivité,mépris), et d'inhibition (découragement, abattement).

Donc, pour un travail plus libre, pour reprendre votre sémantique, il est nécessaire à tous les acteurs de l'entreprise de passer en mode mental adaptatif, pour prendre en compte la complexité et se détacher des pensées automatiques, sources de clivages. Cela diminue le stress et augmente la sérénité de tous les acteurs !!! Tout le monde pourrais être gagnant.

Nous sommes donc d'accord sur la conclusion mais peut-être pas sur le chemin pour y arriver.

Cordialement.