Hop, je m'en mêle, mais juste sur un point (qui est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup, tout ça tout ça)
"Avec toute la prudence de circonstance, je pense que le souci vient d'un a priori concernant les intentions des uns et des autres."
=> la question n'est pas DU TOUT sur les intentions de qui que ce soit. Lorsqu'on parle de racisme, de sexisme, bref d'oppression en général, on parle d'un SYSTEME d'oppression, d'une société structurellement construite sur la négation de certains. C'est toute la bataille contre la dépolitisation de la société, qui consiste, comme Alda le résume très bien, à faire d'une structure d'oppression une histoire d'individualités qui ne s'entendent pas. Et tu es en plein dedans, non ?
Tes intentions, franchement, je m'en balance. Ce qui compte, ce sont les actions, les mots, les interactions. Pas pour moi, qui suis un grand privilégié du système, mais pour ceux qui n'ont pas la chance d'être bien nés. C'est précisément ça qu'il faut changer. Parce que ce qui te paraît anodin a des implications bien plus vastes. Ta personne, on s'en contrecarre, tout comme on se contrecarre de ma personne, lorsqu'on parle de racisme/sexisme/whatever en tant que système.
Et il n'y a pas "les gentils" et "les salauds". Tu crois vraiment que quiconque se casserait le cul à te répondre si tu étais déjà catalogué et enfermé dans une boite ? Si on se fout totalement des personnes lorsqu'on analyse un système, les personnes sont au centre des préoccupations lorsqu'il s'agit de faire quelque chose. Parce que ce ne sont pas les anti-racistes/anti-sexistes/whatever convaincus et militants qui feront seuls le travail. Et donc ça passe par le fait de faire COMPRENDRE aux autres le problème, de faire COMPRENDRE qu'on est pas là à pinailler sur des personnes, de faire COMPRENDRE comment tout ça marche et s'imbrique, de faire COMPRENDRE pourquoi quand tu dis que "je suis pas sexiste mais c'est vrai qu'une nana ça ne sait pas conduire" tu fais perdurer ce sexisme.
Il ne s'agit pas de convertir qui que ce soit à ce qui serait une nouvelle religion. Parce que ça, sans déconner, ça serait extrêmement facile : c'est du John Gray, par exemple, qui fait salle plus comble qu'une messe de Noël. Et ça serait d'autant plus facile que c'est le chemin que vous suivez déjà. Peut-être qu'une vraie remise en question en s'intéressant réellement aux arguments et au sujet arrangerait les choses.
Parce qu'après tout, il y a tellement de courants féministes ("tellement que ça en devient inaudible") qu'il doit bien y en avoir un qui te correspond.
(pro-tip : "l'égalitarisme" n'est pas un courant féministe) (ce n'est même pas une pensée construite ni concrète, c'est une échappatoire pseudo-humaniste)
Edit : je vais réagir aussi sur le "victoire du rien ne change" : c'est grâce à des mouvements que tu accuses de mener au "rien ne change" que les choses ont changé depuis la formation des premiers mouvements féministes. L'Histoire (une fois n'est pas coutume) te donne tort.