Article intéressant, qui rejoint, sur de nombreux points, ce que je dis par ailleurs (ce qui est sans doute pourquoi je le trouve intéressant du coup :p). Et ce sont des points qui s'appliquent à de nombreuses luttes par ailleurs.
Le véganisme est un combat idéologique, et ce n'est pas une insulte que de dire ça. Il s'agit d'un choix de société, et la seule question qui pourrait, légitimement, s'y opposer est : est-ce un choix de société viable, c'est à dire qui ne met pas en danger les êtres humains ou l'Humanité ? De toute évidence, oui, à quelques exceptions près (certaines maladies spécifiques et très rares, mais qui peuvent donc faire exception à la règle générale). Niveau reproduction, il est à noter que la question de l'absorption du zinc (empêché par les céréales, pour faire court) est un point à garder en tête, mais il n'est nullement un obstacle à un tel modèle de société (l'impact sur les capacités de reproduction est moindre que l'excès de graisses ou de sucre par exemple). Le zinc concerne aussi le système immunitaire, mais là encore, rien qui ne puisse être réglé avec une bonne éducation, et sans commune mesure avec d'autres éléments de notre société actuelle (la pollution atmosphérique au premier plan). En clair, sur le plan réellement scientifique, il n'y a rien qui, en l'état des connaissances actuelles, puisse empêcher un tel modèle de société ; juste des points sur lesquels faire attention, comme pour n'importe quel modèle de société. Pas besoin de pseudo-science et de conneries à base de "l'humain est herbivore". Et brûlez le "rapport Campbell" par pitié. Sérieux.
L'autre point c'est la culpabilisation des gens qui sont victimes d'oppressions, notamment les pauvres. Et par pauvre, j'entends "pauvre en argent et en temps". Garance l'explique très bien dans son article, donc je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais aller souffler dans les bronches de quelqu'un qui galère déjà tous les jours en venant lui expliquer comment vivre, du haut de ses propres privilèges, ça passe pas. Et c'est normal hein. Vouloir défendre la vie des animaux, c'est bien, mais il ne faut pas occulter la vie d'un autre animal qu'on a en face de nous : l'humain (ceci est un argument légèrement spéciste par ailleurs, mais j'assume).
Mais on voit de plus en plus d'articles et argumentaires d'une sorte de "véganisme matérialiste" très intéressants, vraiment bien construits. On en revient à ce que je disais au départ : il s'agit d'un choix de société, d'idéologies qui s'affrontent. Ce n'est pas mal, c'est même d'ailleurs assez sain à partir du moment où la démarche est honnête et méthodique. Beaucoup moins lorsqu'elle s'adonne uniquement à la passion des sentiments exaltés et exaltants. Bien évidemment, il y a toujours des moments où les sentiments prennent le pas sur la raison lorsqu'on milite (d'ailleurs, on ne militerait pas pour une cause si celle-ci nous laissait indifférent⋅e, c'est un peu le moteur de la démarche). Mais dans la démarche globale, dans la réflexion calme et analytique des choses, c'est une autre histoire.