Heu. What ?
Alors non seulement l'exemple des bulles est un mauvais exemple, mais alors la remarque sur les vêtements des femmes l'est encore plus. Tellement que je sais pas par où commencer : l'habit compte dans la "forme" d'un propos ? Pourquoi lier les propos d'une femme à ses fringues ? En quoi une femme est forcément "une camarade de lutte" d'une autre ? Je.
Après, qu'on soit clair : il n'est pas question, et ne sera jamais question, d'endoctrinement, violent ou non. Le fait que tu choisisses ce terme pose un certain nombre de problèmes (et pas de forme, mais bien de fond, il ne s'agit pas d'une nuance, mais d'un concept).
Comme pour la manipulation, il n'existe pas, pour quelle cause que ce soit, de "bon endoctrinement".
Tu penses qu'un discours "non-violent"/"non-accusateur" a une meilleure perception. Non.
Le gros du travail du militantisme est d'exposer son point de vue et de le faire comprendre à l'autre, en lui montrant, dans "notre" cas, toute la violence que les oppressions entraînent. Il s'agit de montrer et démontrer en quoi le système actuel est inacceptable, et en quoi on peut créer quelque chose de mieux.
Très concrètement, c'est violent. Parce qu'à un moment tu te rends compte de tout ce que ces oppressions impliquent. Et très concrètement, si tu refuses de le voir, c'est que tu es complice. On ne peut pas reprocher à quelqu'un qui ne s'est jamais penché sur une question d'être le complice d'une oppression, parce qu'il est en général dans un système (ou écosystème) qui lui cache toute cette violence. On peut en revanche le reprocher à quelqu'un qui continue obstinément de nier.
Ce que tu appelles "discours violent" est en général un discours qui atteint le point de "là, il refuse de comprendre/il est consciemment complice".
Est-ce que c'est "contre-productif" ? Non. Certaines personnes "tiltent" comme ça. Parce qu'elles tiennent à rester dans leur confort le plus possible jusqu'à ce qu'on les bouscule pour leur mettre le nez dans leur merde, parce qu'elles ont besoin de voir une opposition frontale pour s'intéresser à quelque chose, parce qu'elles ont besoin qu'on les pousse au cul pour se bouger, parce qu'elles aimaient bien la personne jusque là et se posent la question de si elles ont pas fait quelque chose de travers, parce que tout un tas d'autres raisons propres à chaque individu.
Et il y en a qui se braquent contre toi, et qui vont rencontrer quelqu'un qui va avoir un autre type de discours (en général environ le même que tu avais eu peu de temps avant d'avoir ton "discours violent"), et là ça va marcher, et ils vont revenir vers toi en disant "tu avais raison". D'autres vont se braquer et ne jamais revenir.
S'il y avait UNE forme de discours qui marchait, ça serait tellement plus simple. Mais parce qu'on est tous différents, qu'on a tous vécu des choses différentes, qu'on a tous des sensibilités différentes, il n'y en a pas UN qui marche. Il y en a des dizaines, et même des combinaisons de discours qui, au final, amènent une personne à réfléchir et à changer. Et ça dépend même de la personne qui, à discours strictement identique, tient le discours.
J'ai pas la vérité, si tant est qu'une telle chose existe. J'ai pas une vision absolue de "la réalité". J'ai un prisme de lecture, comme toute personne capable de penser. J'ai une méthode de réflexion et d'analyse, que j'essaye d'être la plus irréfutable possible, et c'est jamais parfait. J'ai des amis, proches ou non, qui s'en prennent plein la gueule pour ce qu'ils sont, et je ne suis pas insensible à leurs souffrances. Je défends une idéologie, comme toutes ces personnes qui prétendent ne pas en défendre une et qui du coup ne font qu'entériner l'idéologie dominante, et son cortège d'oppressions, sans s'en rendre compte. Je ne suis pas neutre.
J'ai ma façon de faire. Et elle marche. Pas forcément sur le coup, pas pour tout le monde, pas tout le temps, pas forcément pour la personne avec qui je discute mais aussi parfois pour les personnes qui écoutent. Est-ce que c'est contre-productif, c'est à dire est-ce que, par la forme du discours, je vais convaincre des gens d'aller "dans le camp opposé" (parce que c'est ça, être contre-productif hein) ? De fait, mec, ils y sont déjà.
Après, je peux toujours me planter, mais je n'ai pas de ""discours violent"" sans une bonne raison ou un historique.
(et je continue d'affirmer que la violence des discours qu'on me prête est bien moins dangereuse et violente que la violence concrète des oppressions du monde actuel)