Ouh, je vais essayer de répondre de manière assez simple et court à un sujet qui est très complexe. Malheureusement, je ne peux pas faire l'économie de poser un peu certaines bases. Ça risque d'être long.
Déjà, commençons par éliminer les éléments personnels qui pourraient interférer. Je fais un travail salarié qui me plaît et qui me va, pour lequel je suis relativement assez justement payé par rapport à ce qui se fait avec un patron humain et pas trop con. Étant privilégié, si le boulot que je fais ne me plaisait pas, j'en changerai sans trop de difficulté. Voilà pour le contexte. Pour le vocabulaire, lorsque je vais parler du patronat, je vise essentiellement le Grand Patronat et moins l'entrepreneur qui porte un projet d'entreprise depuis le départ jusqu'à parfois jouer sa propre vie dans l'affaire.
Il n'est pas besoin d'être marxiste (c'est à dire défendre la thèse de Marx) pour comprendre et utiliser les outils d'analyse et définitions qu'il a laissé.
Il n'y a déjà pas "un travail", mais plusieurs. En réalité, il en existe 3 grands types : le travail libre, le travail subordonné et le travail forcé. Ce dernier est presque entièrement interdit en Europe.
Le travail subordonné, ce n'est pas uniquement le salariat ou un concept de travailler dans une hiérarchie, mais c'est un travail subordonné à une production (de bien ou de service). Le travail subordonné, c'est ce qu'on appelle généralement "l'emploi" : on effectue un travail dans une optique de production et de vendre cette production, en général dans le but dans tirer un profit.
Le travail libre... C'est, grosso modo, tout ce qui n'est pas défini par les définitions ci-dessus. Un retraité est un travailleur libre, le bricolage est du travail libre, le militantisme c'est du travail libre, etc.
Actuellement donc, ce qu'on appelle "le travail" c'est uniquement le travail subordonné, l'emploi, l'aliénation à une production. En dehors de cette définition, le travail n'est pas reconnu. Et ça me pose problème, notamment parce que cette non-reconnaissance et le fait d'ériger le travail subordonné comme "seul vrai travail" permet d'attaquer directement le travail libre, comme c'est actuellement le cas pour les retraites.
Le salariat est une des formes du travail subordonné. Il est doublement subordonné, au final : subordonné à une production et à une hiérarchie. C'est un travail aliénant : le contrat de travail est l'aliénation totale du salarié au patron. Le Code du Travail est là pour définir les bornes au contrat de travail, pour protéger le salarié dans cette aliénation. C'est le premier et le dernier rempart. Et là encore, il est attaqué, régulièrement, de toutes parts, par le grand patronat. Pourquoi l'est-il ? Parce que le profit est antagoniste au salaire. Et que le salaire est uniquement défendu par le Code du Travail (en France), notamment par la défense de l'idée qu'une heure de travail, quel qu'il soit, ne peut pas être payé en dessous d'un certain niveau, normalement indexé sur l'inflation.
Qu'est-ce que le salaire, d'ailleurs ? Quelle est sa nature ? Si tu demandes aux gens dans la rue, ils te diront que le salaire représente la valeur de leur travail. C'est faux. Le salaire est la PARTIE RÉMUNÉRÉE DU TRAVAIL. La valeur réelle du travail salarié, c'est combien le patron vend cette force à ses clients. La différence entre le prix de fabrication (frais de structure et salaires, grosso modo) et le prix de vente, c'est le profit. La principale variable d'ajustement pour augmenter le profit, surtout lorsqu'on ne peut augmenter son prix de vente comme dans le cadre d'une crise, c'est le salaire. Et ce de plusieurs manières.
Car le salaire, ce n'est pas seulement le salaire net, c'est à dire ce qui tombe dans la poche du salarié à la fin du mois. Ça c'est ce qu'on appelle le salaire DIRECT. Une autre partie du salaire se retrouve dans ce que tout le monde appelle "les charges patronales" (en utilisant ainsi le terme "charge" on se rend bien compte de la perception qu'ils ont de leurs cotisations hein) : c'est ce qu'on appelle le salaire INDIRECT. Il sert à financer l'aspect social de la société, la sécurité sociale principalement, mais pas que.
On peut commencer à voir donc ici ce que je peux reprocher au salariat :
Parlons donc désormais, rapidement parce que ce post commence à être long, du revenu universel et du travail 2 heures par jour.
Déjà, il y a plusieurs revenus universels. Dans l'idée que je défends, ce revenu est dépendant de la valeur produite et de la valeur en circulation. Et pas forcément basé sur l'argent, d'ailleurs. L'idée donc que l'argent sortirait de nulle part ou que ce serait un système qui irait droit à l'effondrement est balayée : c'est un système structurellement équilibré à la hauteur de l'effort global, passé et actuel.
Sur l'aspect "utopique", je ne répondrais qu'une seule chose : prends une machine à voyager dans le temps, remonte au XVIIe siècle et va leur dire qu'en France, tous les humains sont libres et que le peuple est appelé tous les 5 ans à choisir son "roi". (bien que je ne sois pas républicain, ça risque quand même de leur faire tout drôle)
La notion de "travailler 2 heures par jour" reflète le fait que l'ensemble du travail nécessaire à la bonne marche de la société ne nécessite que 2 heures par jour et par habitant (si on prend toujours comme référence une semaine de 5 jours). Cela fait, grosso modo, 2 mois 1/2 de travail à "cadence normale" par habitant. Plus de chômage. Et une société qui continue de tourner. Le reste du temps ? Temps libre, travail libre.
Il y a tellement de sujets et de notions à aborder... Je vais m'arrêter là, ça fait déjà une bonne première étape ^^
(désolé à celleux qui connaissent déjà le sujet et qui voient mes raccourcis grossiers ; ils restent néanmoins adéquats, mais perdent une partie de nuance, forcément)