Un gros problème concernant les milieux militants numériques... Et comment éviter ces erreurs.
"Paradoxalement, nous devons être “opprimé.e.s” sans toutefois porter les marques de cette oppression dans notre conscience; nous ne pouvons avoir ni bagages, ni cicatrices; en tant que personnes de couleurs, nous ne pouvons jamais lever le voile sur notre double conscience (cf. W.E.B. Du Bois). Parfois, cela donne le sentiment que nous devons entrer complètement formé.e.s dans le monde du militantisme, être de parfait.e.s agent.e.s du changement, lucides d'une manière ou d'une autre sur le bourbier changeant de règles, de mots, de phrases, d'argot, et de pensées prescrits et proscrits.
Mais cela suppose qu'il existe une espèce de Perfection Platonique à laquelle nous devons inconditionnellement aspirer. Il ne faut pas mettre de côté le problème lancinant mais important du désaccord. Notre identité ne définit pas entièrement notre humanité et nous sommes nombreux⋅ses, femmes et/ou trans et/ou racisées, à pouvoir fournir des arguments de bonne foi contre la reproduction de paradigmes de stratégies, de cultures, normes et règles dominantes. J'échange régulièrement des murmures avec les personnes que je croise à propos de « se planter », d'être accusé.es de collaboration ou d'être un.e vendu.e pour avoir simplement osé suggérer de telles critiques. Même lorsque de tels murmures ont l'audace d'évoluer en une conversation bruyante (en huis-clos), ils se transforment rarement en débats publics – nous sommes trop nombreux à craindre d'être seul.e.s."
"La justice ne prend pas la forme d'une punition avidement administrée. Engageons-nous à nouveau envers le principe juste qui nous a sommé.e.s de nous mettre au travail: un appel du clairon qui résonne avec notre humanité commune et nous presse vers une compréhension plus sensible et clémente de la justice - ce qui est assurément un devoir envers nous-mêmes."