"Tiens, puisqu'il y a de l'intellectuel(le) et du féministe (en tout genre) parmi les shaarlieurs...
...j'aimerai savoir ce qu'ils pensent de cet article ; non ce n'est pas un troll, je souhaiterais avoir leur avis...et savoir ce qu'ils en pensent !"
Déjà, lire les réponses, opposées, de GF (http://bleu-pale.fr/links/?TCLAwA) et Riff (http://www.seven-ash-street.fr/notes/Mj-bonnet-gpa).
Je ne suis pas sûr d'être un intellectuel, en revanche je crois pouvoir dire que je suis féministe, du courant "pro-sexe". Marie-Josèphe Bonnet serait quant à elle plutôt du courant "féminisme TM" (http://msdreydful.wordpress.com/2013/09/07/ceci-est-le-feminisme/). Le fait de parler d'un "lobby LGBT" qui prendrait "tout le monde en otage" en est symptomatique.
Je commencerais donc par critiquer le titre. La lutte des classes mondiale sur le front de la procréation hein ? Déjà, pour commencer, la lutte des classes est, de fait, mondiale. Et le fait de dire qu'un acte est fondamentalement (i.e. par essence) une domination de classe est la preuve d'une incompréhension de ce qu'est la lutte des classes. Ce n'est pas la nature de l'acte qui, par lui même, est une domination de classe (sinon l'appropriation de lieux, d'actes, etc. n'aurait aucun sens) mais le contexte dans lequel cet acte est effectué et en particulier par qui. Si la GPA était effectuée par des femmes riches pour des couples pauvres, serait-ce une domination de classe ? Certes non. L'essentialisation de la GPA (c'est à dire le fait de dire que la GPA est par nature un acte de domination de classe) empêche ce débat.
Cet article est plein de sophismes et "d'arguments" qu'on a déjà entendu pour le mariage pour tous. Elle se dit progressiste pour avoir défendu les droits des gays et lesbiennes dans les années 70. Très bien, et merci beaucoup pour ce combat. En revanche, les gens changent en 40 ans. Quels sont ses combats récents ? Contre le mariage pour tous et contre la GPA. Oh, loin de moi de remettre en cause ses convictions profondes hein. Mais on peut être de gauche ET réac.
Elle a raison quand elle souligne le risque de la GPA : voir des femmes pauvres payées par des couples riches pour porter leur enfant et le danger. En effet, si on dit simplement "on autorise la GPA sans conditions", c'est un risque. Si on dit "on autorise la GPA, voici les conditions", beaucoup moins.
Elle se défend d'être catholique, mais on en retrouve un héritage dans cette simple phrase : "Je ne comprends pas pourquoi la stérilité est devenue si insupportable: ce n’est plus une malédiction, acceptons nos limites!"
Il faudrait donc, pour une cause inconnue, lutter contre la maladie, le cancer, l'impuissance, mais pas contre la stérilité ? Allons bon.
Bref, après cette analyse très très rapide, ma position. Je suis, je crois que c'est clair, pour la GPA. Et cela découle de plusieurs raisons, mais aussi des conditions.
Par exemple, je ne suis pas pour autoriser la GPA pour n'importe qui juste si l'envie lui prend. La GPA doit être encadrée, faire partie d'un protocole clair et défini, suivi par un ou plusieurs psychiatres/psychologues, dans le cadre d'une stérilité issue de l'incapacité d'un couple à procréer ensemble (donc couple hétérosexuel incapable d'avoir un enfant ensemble ou couple homosexuel). L'échange d'argent entre le couple demandeur et la femme porteuse doit être interdit. Le couple demandeur devra en revanche contribuer aux soins relatifs à la grossesse de la mère porteuse à hauteur de leurs revenus, ainsi qu'une contribution à la nourriture, le reste étant pris en charge par la sécurité sociale (comme pour toute autre grossesse). Cette dernière mesure reflète le fait qu'une grossesse n'est jamais gratuite pour un couple capable de procréer, il serait injuste qu'elle le soit pour des couples ayant recours à la GPA.
Ces conditions posées vient la question du refus de la mère porteuse, une fois l'enfant accouché ou avant, de céder l'enfant aux parents demandeurs. Sur cette question, le débat public devra trancher. En revanche, on peut limiter l'occurrence de cet évènement en interdisant aux femmes n'ayant jamais eu d'enfant d'être mère porteuse ?
L'autorisation de la GPA découle d'un constat simple, que Marie-Josèphe Bonnet entend résoudre par la "solidarité entre les peuples" là où elle a déjà du mal à être solidaire avec les trans. La GPA est autorisée dans certains pays. Les riches voyagent déjà pour aller acheter un enfant. Dans quelles conditions est-ce que tout ça est effectué ? Mauvaises à médiocre. Et quand bien même on interdirait mondialement la GPA, il y aura toujours des riches pour se payer des pauvres et s'arranger avec eux par la suite. Dans des conditions encore plus mauvaises pour les femmes porteuses.
Et si on découvre un jour, quand le gamin a 10 ans, qu'il est issu d'une GPA illégale et que la mère porteuse réclame la parenté, on fait quoi ? On juge, on casse l'éducation, le rapport affectif de l'enfant à ses parents, au profit d'une mère inconnue ? C'est sûr que ça va être bon pour le gamin ça.
Le fait de ne pas reconnaître la GPA, y compris celle d'autres pays, incite au secret, à la dissimulation, à cacher au peuple et à l'enfant ses véritables origines. Est-ce que ça va dans "l'intérêt supérieur de l'enfant" ? Vraiment ?
Pour résoudre cette question, Marie-Josèphe Bonnet nous dit que "[son] collectif a mis ses juristes au travail, il faut trouver des solutions. Elles existent et ne passent pas nécessairement par l’enregistrement de la «filiation d’intention»." la belle affaire ! Et quelles sont-elles ? Quelles sont ces solutions qu'aucun législateur d'aucun pays n'a su trouver ? Elle n'en donne aucune piste. Du vent, donc.
Faire la lutte des classes, ce n'est pas sacrifier les rêves des prolétaires. De quel droit interdirions-nous, alors qu'on en a la capacité, la procréation pour telle ou telle personne sous prétexte qu'un bourgeois pourrait payer ? Faire la lutte des classes, c'est interdire au bourgeois de payer un passe-droit. Pas interdire un acte au nom du bourgeois qui peut se payer un passe-droit. Sinon, on tombe dans l'inverse : on interdit au prolétaire l'accès à cet acte et on ne fait que faire en sorte que le bourgeois paye plus cher le même acte.
Autoriser la GPA, sous les conditions que j'ai déjà cité, c'est bon pour l'enfant, bon pour les couples et bon pour la société. Et ça retire un privilège au bourgeois.
(désolé, les propos sont un peu décousus mais je me lève tout juste hein ^^')