Mh.
Ça fait plusieurs fois que je lis et relis ce billet, sans vraiment savoir quoi y répondre, quel commentaire irait bien.
Je ne suis pas d'accord sur certains points (le tirage au sort comme modèle démocratique, ou la défense de l'idée keynésienne) mais là n'est pas vraiment le propos.
Pour commencer, à moins d'être clairement profiteur de ce système inique, nous sommes tous en contradiction avec nos idéaux. Est-ce que je pourrais en faire une liste ? Pfiou, peine perdue ! Mais je suis contre le salariat et pourtant salarié, contre les grands propriétaires et pourtant je loue un appartement que je possède presque à quelqu'un d'autre, contre le système de crédit et j'en ai un sur le dos, etc.
Et chaque camarade, c'est pareil.
Le fait est qu'on a beau avoir des idéaux, on n'en est pas moins dans un système qui n'y correspond en rien. Et il faut bien vivre, justement, tout en se battant pour ses idées (et mourir pour elles, de mort lente ;)). Certaines personnes n'acceptent pas et décident de vivre selon leurs idéaux et, de fait, en marge. C'est un choix, et en définitive ils ont sans doute raison, mais c'est une décision extrêmement difficile à prendre. D'autant plus difficile quand on est un privilégié. D'autres préfèrent "descendre" de classe sociale dans cette société. D'autres encore feront d'autres choix pour se sentir en accord avec leurs idéaux.
Il y a plusieurs étapes dans la lutte pour nos idéaux. La constat/prise de conscience, tout d'abord, qui permet d'ouvrir les yeux sur nos propres actions, notre place au milieu de ce système globalisé d'oppression, où on arrête de répéter les arguments maintes fois entendus ("il y a plus urgent", "de toute façon il y en a qui le veulent bien", "c'est comme ça que ça marche", "l'ordre naturel", etc.). L'abattement, qui est décrit dans ce billet il me semble, où on se sent moins que rien pour faire autant de mal. La colère, où on en veut au système (dans lequel on est né) de nous avoir aveuglé et caché volontairement la portée de nos actions, de nous avoir poussé à la dépolitisation. Puis la lutte, enfin.
Si on est seul dans les premières étapes, il faut savoir que les personnes qui luttent sont, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, nombreuses. Et qu'en ces temps troublés, il y a besoin de soutien, de gens prêts à donner un coup de main. Même si c'est qu'une fois par mois. Même si, au jour le jour, ça ne consiste qu'à faire circuler les informations qui ne seront pas au JT.
Bien sûr, il faut aussi éviter les pièges, ceux qui mènent vers plus de haine sous des aspects très enjôleurs et sexy. Il y a certaines phrases qui peuvent aider à se faire une idée, qui doivent interpeller. "Ni de droite, ni de gauche", "c'est la faute de telle communauté/pays", "les assistés (en parlant des pauvres)", "certain⋅e⋅s sont content⋅e⋅s de leur sort", "c'est notre combat le plus important", etc. toutes ces phrases doivent faire tiquer. Liste non-exhaustive. Parce que c'est dans cette phase de doute qu'on est la meilleure proie pour les organisations in fine haineuses. Et si on n'a pas de bagage politique, on peut très vite se faire berner. Et alors il faudra recommencer. À constater ce qu'on fait, etc. Sauf que c'est encore plus dur la seconde fois.
Bon courage dans tous les cas.
Je ne suis pas sûr que ce soit un commentaire aussi efficace que je le voudrais. Mais c'est mon commentaire. ^^