Plus de 3 millions. C'est le nombre de voix supplémentaires sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon depuis 2012 à la même élection. Une progression historique pour la gauche, celle qui porte un vrai projet de progrès social et solidaire (même si, comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas d'accord sur tout, loin de là). À 600 000 voix des idées brunes, qui elles n'ont convaincu qu'à peine 1,2 millions de personnes supplémentaires sur la même période. Le projet du commun a bien plus le vent en poupe que le projet de la haine des autres, et c'est une nouvelle dont on peut se féliciter.
Aujourd'hui, les choses sont désormais claires. Le PS est enfin pulvérisé, révélant le vrai visage de droite de nombre d'entre eux, Les Républicains sont à genoux et dores et déjà en proie à des luttes intestines et des règlements de compte. Alors, oui, sans doute, si on fait l'addition des voix, si Hamon s'était retiré au profit de Mélenchon le visage de l'élection aurait été autre. Facile à dire après coup ; et l'heure n'est plus aux clivages et aux "à qui la faute, qui doit payer". Je comprends les deux : comment peut-on se désister après un an de campagne pour Mélenchon ? Et comment peut-on se désister alors qu'on s'en engagé dans des primaires pour Hamon ? Je ne suis pas sûr que ce soit un problème d'égo, mais plutôt un problème de responsabilité devant les personnes qui se sont engagées. Fallait-il, pour Mélenchon, qu'il dise à ses 300 000 signataires (à l'époque) "finalement, allez/retournez voter PS" ? Le même PS dont plus personne ne voulait ? Le PS des traitres, des sans-paroles et des bourgeois ? Fallait-il, pour Hamon, qu'il fasse comme Valls et rompt la parole donnée de porter une candidature de son parti, lui qui était lâché par tous et qui, sans doute avec un certain courage, a continué à porter ses valeurs, lui ? Je n'en suis pas sûr. Et une chose est tout de même positive là dedans : nous sommes débarrassés de ces parasites qui voulaient faire une politique de droite avec une caution de gauche.
Plus important encore est la réaction, ou plutôt non-réaction, des médias. Voyez comme le vote frontiste leur semble normal, voir même accueilli avec une certaine joie : "les sondages que nous avons publiés ne se sont pas trompés, vous voyez ?" ; raclures parmi les ordures, les patrons de presse, pour l'immense majorité de grands financiers, sont heureux : leur petit poulain est assuré de remporter l'élection, et avec lui, petit banquier bien aux ordres du Capital, leurs profits sont assurés. En 2002, les mêmes paniquaient à l'arrivée de Le Pen au second tour, la levée de boucliers ne s'était pas faite attendre. Le Pen père, ils n'y étaient pas prêts. Le Pen fille est bien plus compatible avec leurs intérêts, donc au final, l'un ou l'autre... On n'en est pas encore à la collaboration complète et totale entre les intérêts du Capital et les fachos, mais vous sentez bien qu'on s'en approche : une fois que Macron aura usé de tous les moyens pour conserver les taux de profit des capitalistes et qu'il leur en faudra toujours plus, alors viendra pour eux l'heure du fascisme.
Il ne s'agit pas là d'une fatalité. Tout d'abord, les législatives peuvent permettre de tempérer les ardeurs du petit financier ; en cela, il faut élire à l'Assemblée Nationale, à défaut de la remplacer, des député⋅e⋅s de gauche, qui portent un projet de progrès social et qui pourront empêcher le prochain président de n'en faire qu'à sa tête et de continuer de détruire ce qu'il nous reste. Ensuite, il faut continuer les mouvements, les amplifier, et rester sur le pont pour ne pas donner à Macron un boulevard pour appliquer ses réformes néfastes et dégueulasses pour les personnes qui travaillent et les pauvres.
Face à toutes les personnes qui feront barrage au FN telles des castors, la blonde-brune ne peut pas passer. Ce qui m'inquiète cependant, c'est que le jeune Macron, jamais élu auparavant, sans recul et sans programme réel, s'il venait à avoir un nombre conséquent de voix, prenne ça pour un vote d'adhésion et ne se sente plus pisser. Parce que autant les institutions américaines sont plutôt résistantes à la folie d'un homme, autant les nôtres ne sont clairement pas au niveau de ce point de vue.
Et n'oubliez pas, si vous voulez choisir quel sera mon bulletin pour le second tour, c'est par ici : http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?LL7rLg
En espérant que je n'ai pas à réitérer le sondage pour les législatives :p
Bref, si cela peut sembler être l'image d'une défaite, c'est je pense, au contraire, le début d'un bel espoir. Parce qu'à la fin, c'est nous qu'on gagne, et que ça commence aujourd'hui.
Edit : une petite mise au point sur le sujet : http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?Aw1wOw